Jean SUZANNE
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Ce que Jean Suzanne attend de la sculpture, il le démontre avec une infaillibilité depuis trente-cinq ans. Avoir renoncé irréversiblement à la figure, à la représentation anthropocentrique de la réalité l’a conduit sur la voie d’une radicalité plastique comme l’expression prioritaire de son instinct créateur en le tenant éloigné d’un académisme réducteur. Son imaginaire y contribue au sein d’un travail qui ne néglige ni l’analyse, ni l’esprit de synthèse dans sa prospection de la forme tridimensionnelle, et dans sa détermination qui pourrait paraître contradictoire si elle n’était pas la conséquence nécessaire à la construction de ses formes géométriques, intégrant à leur hiératisme originel, les fractures ouvertes sur le vide pour un dialogue avec l’espace. Ces deux notions d’enracinement statique et du désir de s’arracher du sol cohabitent dans la sculpture de Jean Suzanne. L’élancement a toujours hanté la sculpture dont on pourrait ajouter qu’il est une des réponses, à rendre visible l’espace mesurable par des configurations formelles pondérables qui fonctionnent comme des repères dont les orientations identifient un lieu. Les sculptures monumentales de Jean Suzanne pourraient être des amers dressés devant notre regard comme des stèles, s’il n’avait rompu tout lien avec une fonction quelle qu’elle soit. Epris de rigueur et de sévérité, garantes de la plénitude de son émotion esthétique, il est du côté de la quintessence, et non de l’imitation. Chaque sculpture de Suzanne se veut une structure architecturale. En cela elle détient son identité unique et totale, atteinte grâce à l’unité de l’œuvre en complicité avec la lumière. L’œuvre se laisse ravir par le spectateur qui après en avoir fait le tour, se
La dynamique est incluse dans les matériaux qui dictent son geste, comme ils incarnent son langage. Le métal, expérimenté de longue date par Suzanne, l’a amené à redécouvrir la forme originelle, parallèlement à ses recherches d’ouverture sur l’espace. Son inventivité qui a longtemps sollicité les pièces de mécaniques s’en est libérée et a supplanté la logique des turbines. Souverainement immobiles, les blocs génésiques ont subi des assauts alluvionnaires dont certains conservent l’érosion géologique simulant des inclusions de corps étrangers. Avec la constance d’une éthique inviolable, Jean Suzanne a poursuivi son dialogue formel tout en interrogeant l’espace et sa relation au temps. La force primitive de la matière lui a imposé une mutation qui est parvenue à sa pleine maturité. Les béances sont devenues des plans intermédiaires où le vide qui transparaît devient un interlocuteur du processus créateur. Sous une forme épurée, les volumes revendiquent leur rigidité archaïque transformée en une réalité organique. Hier l’ascétisme s’ouvrait au baroque, aujourd’hui il renoue avec un classicisme qui privilégie l’angle droit et les arêtes coupantes dans des masses architectoniques pour une beauté intemporelle.
L’illusionnisme est une des composantes d’une dialectique de la métamorphose, articulée simultanément sur la trouvaille et l’imaginaire. L’émergence d’un ordre devient constitutive de l’identité de sa sculpture. Son austérité a pactisé avec la nécessité ludique pour construire une autre réalité. Pour l’accomplir, les techniques de métallurgie se relayent chez l’artiste qui enchaîne les gestes connus de cet ancien ingénieur travaillant au laboratoire d’électronique d’Hispano-Suiza. Découper l’acier au chalumeau ou à la torche au plasma, agencer des éléments par soudure sous argon, recourir à la fonderie par moulage, sont autant d’étapes qui nourrissent le langage de Jean Suzanne qui a progressivement délaissé les ruines industrielles pour se consacrer uniquement, depuis une dizaine d’années, à l’acier inoxydable et à l’acier-corten. L’énergie concentrée, la dureté du métal et sa résistance imprévue, répondent à sa volonté de débusquer des possibilités autres pour dire le monde, en prenant conscience d’une réalité nouvelle.
La conviction qu’une sculpture se meut dans l’espace, dont elle s’empare jusqu’à l’absorber, comme le spectateur à son tour prendra conscience de son contact physique avec la matière, a conduit Suzanne à se doter d’une écriture, sans référent extérieur, ayant ses propres lois, comme la nature a les siennes. Celles d’abord d’une orthogonalité dont il n’attend pas de fonction utilitaire, mais qu’elle se laisse rattraper par cette part de gratuité, détentrice de rêve. Pour Bachelard, la puissance de l’imaginaire donne naissance à des formes inventées et multiples qui nous révèlent la dimension poétique de la réalité. Cette fonction de l’imaginaire est déterminante dans la sculpture de Suzanne. Sa création, mise en action par un geste délibéré, audacieux, qui met en marche la rêverie poétique, aspire à la vérité essentielle. Celle d’une image nouvelle d’un monde construit par un geste vital donnant vie à une nécessité intérieure. L’acier, qu’il travaille avec une maîtrise incomparable, porte la marque de ses interrogations, de ses sentiments, de ses doutes et de ses certitudes, témoins d’une aventure qui garde sa part de mystère.
Chaque œuvre offre une réponse, une vision personnelle de la relation entretenue par l’artiste avec la matière. Le dialogue avec des masses et des ouvertures, des espaces vides et pleins, libère le métal de sa condition minérale. D’évidence, le besoin d’ordre est concomitant à la charge émotive dispensée par la tension des lignes de force entretenue par les rapports entre les plans et les volumes. Au statisme compact des masses épurées, répond la puissance verticale. Et l’on voit bien comment la forme est organisée pour imposer la frontalité de chaque face par l’affirmation de la netteté des arêtes dont le profil écrit un trait vertical dans l’espace. Préparées par des dessins et des recherches graphiques, les sculptures de Suzanne pactisent avec l’univers dont les formes naturelles ne sont pas contraires aux images produites par l’esprit. Le sculpteur en décèle les similitudes, les rythmes et l’harmonie. De cette intuition constructive naissent des structures dont l’abstraction est celle de la nature. Poussin, Cézanne, Mondrian, et tout autant Donatello, Carpeaux, Bourdelle, Duchamp-Villon, en ont fait l’expérience. Pour Suzanne dont la thématique puise aux sources telluriques de la géologie, les découpes aiguës des parallélépipèdes transposent les lignes de faille pour une symbolique dont il s’est éloigné, afin de mieux resserrer sa pensée artistique autour d’une sémantique qui identifie chacune de ses sculptures.
De l’articulation des blocs, par deux, trois, parfois quatre, naît le schéma simple d’une architecture décantée, qui en amorçant un faux alignement imprime au matériau le rythme et le mouvement cachés au sein de la transcription formelle. Dans le jeu duel de la géométrie et de la vie des formes, le geste dénie tout interdit, tout en se pliant à la discipline qu’imposent les techniques du métal dont elles contribuent à diversifier les effets de surface. Avec la pluralité des apparences, ces opérations postulent la totalité de l’œuvre. Le contraste de l’inox brossé, brillant, lisse comme un rêve où se projettent nos rêves, avec l’acier brut, sombre et granuleux, constitue une donnée identitaire de la grammaire plastique de Jean Suzanne.
Le mythe de la métamorphose se réalise dans l’acier, découpé, recomposé, aplani, abrasé, poli, jusqu’à lui procurer une peau chargée d’une double symbolique, physique, et spatiale. L’évolution porte sa propre durée qui se conjugue avec l’expérience. Celle de Jean Suzanne conduit sa sculpture à une parfaite harmonie avec l’homme et la nature, en nous rendant familier l’espace.
Si chaque élément de sa sculpture est porteur de sa propre autonomie, il participe de l’ensemble et invite au dialogue et à la circulation dont Suzanne multiplie les possibilités. Il interroge la pesanteur de chaque monolithe d’une rectitude géométrique élémentaire, dont les limites rigoureuses sont les enjeux d’une dialectique inépuisable. Parvenue à un équilibre que rien ne semblait pouvoir perturber, la sculpture s’ouvre à l’imprévu et au mystère. L’articulation binaire ou ternaire convoque la bichromie de l’acier inoxydable et de l’acier brut de laminage. L’angle droit qui cristallise une certitude se prête à une ouverture fractale. Des perpendiculaires répondent à des parallèles qui déclenchent une force d’expression inattendue. On observe un décalage subtil ou franchement déclaré des volumes présentant de soudaines cassures, dans lesquelles s’introduit la lumière en nous mettant à même de visualiser l’espace. Ces interstices plus ou moins élargis constituent des pôles d’aération en réponse à l’œuvre in situ. La monumentalité inhérente au déploiement ample des volumes nous ouvre physiquement et mentalement à l’espace. En rejetant le socle, Suzanne réaffirme le postulat de la sculpture moderne, d’une sculpture de son temps. Sa hardiesse lui fait confronter l’infini de l’espace à un apparent déséquilibre endigué par le calcul des volumes en présence.
Les formes biomorphiques de ce qui peut se lire comme, des portes, des propylées, des portiques, des murs, se souviennent d’une lointaine archéologie qui aurait gardé sa virginité. Le dépouillement s’allie à une solennité. Convaincu qu’il existe une forme pure, Jean Suzanne a érigé sa sculpture en un signe et en une entité. De ces certitudes physiques a jailli un souffle poétique. Dans la pérennité de sa présence, la sculpture de Jean Suzanne a trouvé une résonance dans l’art de notre temps.
© Lydia Harambourg
Historienne Critique d’art
Correspondant de l’Institut, Académie des Beaux-Arts
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