Biographie d’Étienne Carjat

Étienne Carjat
© Gallica

Né le 28 mars 1828 à Fareins, Etienne Carjat y a fréquenté l’école communale jusqu’en 1838. Ses parents, mère femme de ménage et père cocher, vivait entre Fareins et Lyon où ils travaillaient chez des membres de la célèbre famille Yemeniz, une famille orientale chrétienne de soyeux, famille noble, riche et cultivée, venue l’île de Chalkis et du quartier du Phanar à Istanbul. En 1838, en compagnie de sa sœur et de son frère, le jeune Carjat suit ses parents et leur employeur, pour Paris. Il devient donc un petit parisien et ses parents prendront finalement une loge de concierge. Très tôt, il se forme à la littérature, au théâtre et au dessin de soierie (grâce à M. Cartier, soyeux et à un M. Henri, dessinateur, auprès duquel il est en apprentissage).

Passionné de théâtre, il fait la queue aux théâtres de l’Ambigu, de la Gaité ou de la Porte Saint-Martin, se familiarise avec les acteurs et commencent à les caricaturer : des portraits dits « à charge » qui étaient appréciés et commandés par les journaux comme Le Figaro qui venait d’être créé et publia un numéro exceptionnel sur le théâtre. Il écrira même quelques pièces et jouera un peu.


Pierre Petit par E. Carjat
© Musée des Beaux-Arts Ottawa

En 1858, nouveau défi : il apprend le métier de photographe auprès de Pierre Petit dont il fait une superbe caricature. Il crée rapidement son premier « studio de photo », au 56 de la rue Laffitte. Il est alors de toutes les fêtes. Il écrit des poèmes. Il crée plusieurs magazines : « Diogène », un journal de caricatures dont il est le co-fondateur, puis « Le Boulevard », hebdomadaire littéraire auquel son ami Baudelaire participe régulièrement. Photos et carricatures réjouissent les lecteurs et il devient, avec Nadar et Disderi, « l’un des principaux photographes des célébrités de son temps », celles du monde des arts et de la politique et plus que tout celles des poétes et écrivains dont il est proche (Hugo, Baudelaire, Daudet, Verlaine, Rimbaud et tant d’autres).

Charles Baudelaire par E. Carjat
© MET New York

En 1871, proche de Courbet, il met ses talents de caricaturistes au service de la Commune de Paris et publie ses poèmes politiques dans la revue La commune. Ses liens amicaux avec le monde des arts, et singulièrement les Vilains bonshommes (voir ci-dessous) sont solides. Victor Hugo le défend et préfacera son recueil de poèmes « Artistes et citoyens ». Mais on peut se demander si son engagement n’a pas desservi sa carrière et sa réputation auprès des puissants de son temps.
Il meurt à Paris en 1906, assez isolé mais riche d’une fabuleuse collection des caricatures de de photographies qui sera dispersée en 1923.